Schizologues2022-10-16T17:46:45+00:00http://blog.menant-benjamin.fr/Benjamin MENANTtrop-de-spam@this-is-not-a-real-mail.sorryhttp://blog.menant-benjamin.fr/2013/24-jours-de-web/24 Jours de Web2013-12-25T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
À toutes celles et tous ceux qui suivent nos publications sur la <a href="/2013/distinguer-usages-et-pratiques/">distinction des usages et pratiques</a> numériques, nous avons publié un article sur le calendrier de l’Avent <strong>24 jours de Web</strong><span class="typo-ph">:</span> <cite><a href="http://www.24joursdeweb.fr/2013/a-bas-les-usages-vive-les-pratiques">À bas les Usages, vive les Pratiques</a><span class="typo-ph">!</span></cite>
</p><p>
Les quatre petites histoires de la première partie donnent des exemples concrets d’usages et de pratiques numériques.
</p><p>
Soit dit en passant, cette année, le blog collectif 24 jours de Web reverse l’intégralité des dons recueillis à l’association <a href="http://www.24joursdeweb.fr/2013/association-handiparentalite/">Handiparentalité</a>.<br />
Si vous avez apprécié l’article, pensez à <a href="http://www.24joursdeweb.fr/#don">faire un petit don</a>. <strong>Merci</strong><span class="typo-ph">!</span>
</p>
<p class="didascalie"><i>
Le Robot se retira par une habile pyrotechnie, un petit feu d’artifice pour vous souhaiter de joyeuses fêtes de fin d’année.
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http://blog.menant-benjamin.fr/2013/assemblee-nationale-domaine-public/Journée d’étude à l’Assemblée Nationale sur le domaine public2013-12-14T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><i>
À Paris, dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale, le 31 octobre 2013, s’est tenue une <a href="http://www.savoirscom1.info/2013/10/02/31-octobre-une-journee-detude-sur-le-domaine-public-a-lassemblee-nationale/">journée d’étude sur le domaine public</a>. L’événement était organisée par le collectif SavoirCom1 et Madame la députée Isabelle Attard, membre de la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée.
</i></p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Que faites-vous tous les deux<span class="typo-ph">?</span>
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<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Moi, je lis le <a href="http://livemapping.fr/map.php?id=Etude_28_10_2013&mappeur1=bruno&filter1=current">Framapad</a> de la journée d’étude à l’Assemblée Nationale sur le domaine public.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Et moi, je consulte les <a href="http://lite3.framapad.org/p/DPAN">livemappings</a> de cet événement.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Ah<span class="typo-ph">?</span> Moi, j’y étais.
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<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> <b class="le-robot">Le Robot</b> —
Et alors, tu nous raconterais<span class="typo-ph">?</span>
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<p class="didascalie"><i>
Le Chat ayant la mémoire courte, il proposa à ces deux furieux de continuer leurs lectures respectives, plus complètes, plus utiles.
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<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Tu pourrais faire un effort… au moins un point de vue<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Eh bien, la journée fut bien complète, les discours des uns et des autres étaient accessibles <span class="typo-go">(</span>saluons cet effort<span class="typo-gf">)</span> et des positions différentes, parfois tranchées mais toujours intelligentes et ouvertes se sont exprimées.
</p><p>
Les partisans du <span class="typo-go">«</span><em>vieux monde</em><span class="typo-gf">»</span>, comme il s’est dit avec humour, étaient cependant moins nombreux<span class="typo-ph">;</span> hélas. Citons Jacques Fansten <span class="typo-go">(</span>Président de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques<span class="typo-gf">)</span> et Jean-Claude Bologne <span class="typo-go">(</span>Président de la Société des Gens De Lettres<span class="typo-gf">)</span>.
<strong>Remercions-les</strong> d’avoir débattu et exposé leurs idées, très pertinantes.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Rétablissons, au passage, que les notions de droits d’auteur et de propriété intellectuelle étaient absentes du <span class="typo-go">«</span><em>vieux monde</em><span class="typo-gf">»</span>. Au regard de l’histoire de l’Humanité, ces dernières sont <strong>très récentes</strong><span class="typo-ph">:</span> le <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Statute_of_Anne" lang="en">Statut d’Anne</a> <span class="typo-go">(</span>pour les droits d’auteur<span class="typo-gf">)</span>, en 1710<span class="typo-ph">;</span> et le <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Statute_of_Monopolies" lang="en">Statut des Monopoles</a> <span class="typo-go">(</span>pour les brevets<span class="typo-gf">)</span>, en 1624.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Et gageons que dans quelques siècles, elles auront disparu et seront devenues de simples anecdotes. Le domaine public sera redevenu l’objet naturel de toute création.
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/12/statute-anne.jpg" alt="Photo du statut d’Anne Britannique." />
La première loi sur les droits d’auteur.
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<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Intéressant. As-tu quelque chose à ajouter<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
En filigramme, il fut une chose abordé en tous temps et tous sujets, une chose intimement liée au domaine public, une chose dont nous avons déjà discuté sur ce <a href="http://blog.menant-benjamin.fr/2013/distinguer-usages-et-pratiques/">blog</a><span class="typo-ph">:</span> les <strong>pratiques numériques</strong> des Français.
</p><p>
Notamment, la question de la relation entre l’écrivain et ses lecteurs, jamais proprement ni directement abordée, mais néanmoins omniprésente.
</p>
<blockquote>
<p><span class="typo-go">«</span>Lire, c’est créer peut-être à deux.<span class="typo-gf">»</span></p>
</blockquote>
<p class="blockquote-source">— <a href="http://data.bnf.fr/12370411/honore_de_balzac_physiologie_du_mariage/">Balzac, <i>Physiologie du mariage</i></a>, 1829.</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Si Balzac hésitait encore, pour nous, c’est une certitude. <strong>Lire, c’est écrire.</strong>
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Nous pourrions citer <a href="https://openlibrary.org/works/OL14852951W/Lector_in_fabula">Umberto Eco</a>, avec <cite>Lector in fabula, le rôle du lecteur ou la coopération interprétative dans les textes narratifs</cite>. Ou encore <a href="http://alaingiffard.blogs.com/culture/2007/09/le-public-des-l.html">Alain Giffard</a>, qui dans son étude <span class="typo-go">«</span><cite>Lire - les pratiques culturelles du numérique</cite><span class="typo-gf">»</span>, remise au ministère de la Culture et de la Communication en 2007, nous décrit <q>le lire numérique comme faire</q> (agrégation, annotation, copie, etc).
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
C’est donc la remise en question du rôle des bibliothèques qui a été clamé, non plus seulement comme un lieu de lecture, mais peut-être comme un nouvel espace de création collective.
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/12/children-at-play-michaelt.jpg" alt="Panneau de signalisation indiquant une zone où des enfants sont susceptibles de jouer." />
La médiathèque de demain comme espace de <span class="typo-go">(</span>ré-<span class="typo-gf typo-go">)</span>création<span class="typo-ph">?</span> <span class="typo-go">(</span><a href="http://www.flickr.com/photos/53771866@N05/5248331303/in/photolist-8ZM53K-aBsCzJ-CkEX9-7E79Dg-93vTSv-8GnH22-93vTWV-8vBWnB-Pe52x-b84B2e-93vTUR-bHYLez-eFf4iJ-7EaZaC-4DS1Fb-8nP2cH-6GLZqC-de56qC-8Mf5Rb-4Mxm79-4MxkXA-9bdiJ9-9cgRBz-787hVG-783nP8-8mwVHu-dKuyN-fPaVY2-ewLpVE-bojyHn-cWYvp-aF8L3a-g6tPxq-azCXhq-a6fPvb-dqTJe2-9ymybv-a6cYoX-a6cXfX-a6cYcZ-a6cYAp-a6cX2T-a6cXPp-a6cXrR-a6cXBB-bhMMUt-fucnsL-3HaEdf-AzJ3Y-47wCFN-7DmjZf">Michael T</a><span class="typo-gf">)</span>
</i></p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
De même pour les musées, pour lesquels Julien Dorra (<a href="https://www.facebook.com/events/172306876127907/">OrsayCommons</a>, <a href="http://www.museomix.org/">Museomix</a>) nous expliquait qu’il devenait aujourd'hui ridicule d’interdire les gestes d’appropriation et de remix. Il soulignait la symbolique réductrice du terme <i>visiteur</i> (très orienté <i>usage</i>). Les musées aussi sont ammenés à devenir de véritable lieux de pratiques culturelles.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Bref, toutes ses tables rondes auront suggéré la confrontation nuancée des usages et des pratiques, en étant parfois imprécis dans l’emploi de ces termes. Preuve en est qu’une distinction nette et précise de ces deux termes reste pertinente.
</p>
http://blog.menant-benjamin.fr/2013/biens-communs-immateriels/Biens communs & pratiques numériques2013-12-03T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><i>
Tandis que nos élites s’acharnent à stabiliser un monde en équilibre instable, nous souhaitons étudier les phénomènes précurseurs d’un nouveau système. Ainsi proposons-nous d’apporter un éclairage théorique et synthétique sur les problématiques issues du modèle consumériste – dont voici le quatrième <a href="#ref" title="Consulter la table des matières">extrait</a>.
</i></p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Ah<span class="typo-ph">!</span> Vous tombez bien, je vous cherchai partout. Je dois de toute urgence m’entretenir avec vous.
</p>
<p class="didascalie"><i>
Le Cosmonaute, toujours sujet à d’étranges <a href="/2013/distinguer-usages-et-pratiques/" title="Distinguer les usages des pratiques numériques">maux de tête</a>, ne fut pas surpris par cette visite importune. Il savait déjà de quoi le Robot voulait tant jaser. Ce qu’il ignorait encore, c’était l’origine de toutes ces prémonitions remarquables.
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Mon très cher tas de ferraille, prenons soin d’éliminer d’emblée l’ambiguïté qui règne parfois autour de l’homophonie du <span class="typo-go">«</span><i>bien commun</i><span class="typo-gf">»</span> et des <span class="typo-go">«</span><i>bien<u>s</u> commun<u>s</u></i><span class="typo-gf">»</span>.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Au microphone, avouez qu’il y a de quoi s’emmêler les pinceaux.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Le <dfn>bien commun</dfn> peut s’apparenter au bien être d’une communauté, au <span class="typo-go">«</span>bon vivre<span class="typo-gf">»</span> ensemble, ou toutes choses qui lui seraient favorables.
</p><p>
Au pluriel, les bien<u>s</u> commun<u>s</u> sont le sujet d’étude de nombreux <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Elinor_Ostrom">économistes</a>, <a href="http://scinfolex.com/">juristes</a> et<span class="typo-go typo-gf">/</span>ou <a href="http://www.bibliobsession.net/">bibliothécaires</a>…
Dans la langue de Shakespeare, on parle de <i lang="en">commons</i>. De même, il est d’usage, aujourd’hui, dans la langue de Molière, d’emprunter cet astucieux raccourci de <span class="typo-go">«</span>communs<span class="typo-gf">»</span>.
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/12/comeon-nara.jpg" alt="Affiche américaine pour l’achat de bons lors de la première guerre mondiale ; « Come On! » inscrit en grand." />
Oublions vite ce mauvais jeu de mot…
</i></p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Plus précis, <a href="http://cfeditions.com/libresSavoirs/ressources/LibresSavoirsAlainRey.pdf">Alain Rey</a> raconte l’histoire du mot <span class="typo-go">«</span>commun<span class="typo-gf">»</span> et de ses dérivés <span class="typo-go">(</span>dans un extrait gracieusement mis à disposition par les <a href="http://cfeditions.com/">éditions C&F</a><span class="typo-gf">)</span>.
</p>
<p class="didascalie"><i>
Distinction faite, nos deux compères pouvaient désormais se concentrer sur notre sujet, en commençant par le définir précisément.
</i></p>
<h3>Comment définir les biens communs<span class="typo-ph">?</span></h3>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Si vous le permettez, partons de cette citation<span class="typo-ph">:</span>
</p>
<blockquote>
<p>Les <dfn>biens communs</dfn> sont des ressources partagées par un groupe de personnes et qui sont vulnérables aux dégradations et aux enclosures.</p>
</blockquote>
<p class="blockquote-source">— Charlotte Hess, Vecam <span class="typo-go">(</span>Association<span class="typo-gf">)</span>, <cite><a href="http://cfeditions.com/libresSavoirs/">Libres Savoirs<span class="typo-ph">:</span> les biens communs de la connaissance</a><span class="typo-ph">;</span> produire collectivement, partager et diffuser les connaissances au XXI<sup>e</sup> siècle</cite>, 2011.</p>
<p>
Sont mis en exergue plusieurs éléments clés. Tout d’abord, la <strong>ressource</strong>, c’est-à-dire l’objet d’étude. Elle peut être matérielle <span class="typo-go">(</span>l’eau, un gisement de charbon, une population de gibier, etc.<span class="typo-gf">)</span> ou <a href="http://www.worldcat.org/title/understanding-knowledge-as-a-commons-from-theory-to-practice/oclc/77594468" title="C. Hess & E. Ostrom, Understanding knowledge as a commons: from theory to practice, 2007">immatérielle</a> <span class="typo-go">(</span>il s’agit des connaissances, du savoir et plus généralement de toutes formes d’abstraction<span class="typo-gf">)</span>.
</p>
<p>Ensuite, la notion de <strong>partage</strong>. Elle suppose que ces ressources font l’objet d’une compétition ou d’une coopération entre plusieurs acteurs pour son exploitation… en un mot, d’une gestion et d’une nécessaire <strong>gouvernance</strong>.</p>
<p>Le groupe de personnes fait référence à la ou aux <strong>communautés</strong> qui vont, précisément, se partager ces ressources. Une ressource, pour autant qu’elle appartienne au domaine public, ne serait pas un <i>commun</i> si aucune communauté ne l’exploitait.</p>
<p>
Et puis, Charlotte Hess introduit la <strong>vulnérabilité</strong> des communs. C’est-à-dire la possibilité de son épuisement, de sa disparition ou destruction. Elle sous-entend que ses ressources sont en quantités et en qualités limitées.
Les causes les plus communes de dégradation sont le parasitage <span class="typo-go">(</span>exploiter sans entretenir<span class="typo-gf">)</span>, la non-conformité <span class="typo-go">(</span>une utilisation incorrecte ou polluante<span class="typo-gf">)</span> et la surconsommation <span class="typo-go">(</span>ou surexploitation<span class="typo-gf">)</span>.
</p>
<p>
Enfin, cette définition des communs introduit une notion importante pour leur gouvernance<span class="typo-ph">:</span> le <strong>risque d’enclosure</strong>. Autrement dit, une forme de privatisation ou d’appropriation des communs. Cette notion fait référence au <cite lang="en">General Enclosure Act</cite> de 1801, en Grande-Bretagne, qui suit un vaste mouvement d’enclosure des parcelles de terrain auparavant collectives. Ce mouvement aura largement modifié la société anglaise, en <a href="http://www.worldcat.org/title/utopia/oclc/17558864" title="Dont Sir Thomas More témoigne (Utopia, 1516)">précipitant ses inégalités</a>.
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/12/clotures.jpg" alt="Des fils de fer barbelés, avec un écriteau « Chasse gardée »" />
Un fermier qui indique avec courtoisie à ces messieurs les chasseurs qu’ils sont priés d’aller trouver leurs gibiers ailleurs.
</i></p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Notons qu’à cette époque, l’enclosure est à prendre au sens propre<span class="typo-ph">;</span> c’est-à-dire clôturer, entourer de mur. Autrement dit, la parcelle est privatisée et son usage devient exclusif<span class="typo-ph">;</span> c’est un <i>bien privé</i>.
</p>
<h3>Rivalité et non-exclusivité</h3>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Reprenons, en évoquant deux caractéristiques importantes attribuées aux biens communs matériels, pour les distinguer des autres types de biens, comme les <i>biens publics</i>.
</p>
<p>
La <strong>rivalité</strong> signifie que l’utilisation ou l’exploitation de la ressource par un acteur en prive les autres acteurs. Par exemple, si un morceau de bois est ramassé, puis brûlé par un individu, les autres membres de la communauté en seront privés.
</p>
<p>
La <strong>non-exclusivité</strong> décrit le fait que tous les membres de la communauté y ont accès à priori. C’est le cas des poissons dans une rivière<span class="typo-ph">:</span> nous y avons tous accès.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Soit dit en passant, les biens publics sont non-rivaux et non-exclusifs<span class="typo-ph">:</span> l’air ou la lumière du soleil, par exemple. Nous y avons tous accès, et l’utilisation que nous en faisons ne prive pas les autres de l’utiliser.
</p>
<h3>Épistémologie des communs</h3>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Ok, on parle, on parle… Mais je ne sais plus trop où j’en suis, ni d’où tout cela peut bien venir…
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Eh bien les communs ont une longue histoire, dont l’origine remonte vraisemblablement à la naissance de l’humanité.
Cependant, leur étude fait l’objet d’une grande attention ces dernières décennies. De fait, depuis la parution de l’ouvrage de Garrett Hardin, en 1968, exposant la <a href="http://www.worldcat.org/title/tragedy-of-the-commons/oclc/21898102"><cite>tragédie des communs</cite></a>, de nombreux scientifiques auront contribué à leur compréhension.
</p>
<p>
Dans son ouvrage, Hardin montre comment les ressources naturelles, comme des prés, peuvent-être détruits par une surexploitation. Selon lui, l’intérêt personnel des acteurs ne peut que mener à la destruction des communs et, <i>in fine</i>, à une perte pour la communauté dans sans ensemble <span class="typo-go">(</span>y compris pour ceux qui en auraient profité<span class="typo-gf">)</span>. Il pose ainsi la question de la gouvernance des communs.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Et il expose alors deux solutions<span class="typo-ph">:</span> la régulation par la nationalisation des biens communs ou au contraire, sa privatisation.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Cependant, tandis que les ressources planétaires s’amenuisent, que partout dans le monde, les terres arables cèdent peu à peu leurs places aux constructions humaines, que les <a href="http://copyrightmadness.tumblr.com/">batailles de propriété industrielle</a>, de brevets et de droits d’auteur font rage… Elinor Ostrom publie en 1990 un ouvrage majeur, <a href="http://www.worldcat.org/title/governing-the-commons-the-evolution-of-institutions-for-collective-action/oclc/21409003"><cite lang="en">Governing the commons: the evolution of institutions for collective action</cite></a>. Ses travaux seront récompensés en 2009 par le prix Nobel d’économie.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
En fait, dans les années 90, de nombreuses autres contributions seront publiées<span class="typo-ph">:</span> Golish, 1991<span class="typo-ph">;</span> Boyle, 1992<span class="typo-ph">;</span> Turner, 1993<span class="typo-ph">;</span> Branscomb, 1994… pour ne citer qu’eux.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
En tout cas, E. Ostrom rapporta un troisième mode de gouvernance des communs, et appela au renouveau des communs en tant que base d’une alternative économique.
</p>
<p>
Grâce à une analyse théorique et empirique divergente aux thèses de Garett Hardin, elle montre que <strong>les acteurs locaux sont souvent les plus à même de protéger les communs</strong>, selon des modes et des institutions adaptés à chaque contexte <span class="typo-go">(</span>culturel, socio-économique, environnemental, etc<span class="typo-gf">)</span>.
</p>
<h3>Particularité des communs immatériels et numériques</h3>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Par la suite, en 2007, Elinor Ostrom et Charlotte Hess ont contribué à considérer <a href="http://www.worldcat.org/title/understanding-knowledge-as-a-commons-from-theory-to-practice/oclc/77594468" title="Understanding knowledge as a commons: from theory to practice">la connaissance comme un commun</a>.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Cette contribution est capitale, dans la mesure où, grâce à la réticularité du numérique, c’est-à-dire la mise en réseau des ressources informationnelles, ces biens communs immatériels se propagent et sont produits par un nombre toujours plus grand de citoyens. Leur bonne gouvernance est donc essentielle pour garantir la possibilité d’une <a href="http://www.worldcat.org/title/democratie-internet-promesses-et-limites/oclc/670409902" title="D. Cardon, 2010"><cite>démocratie Internet</cite></a>.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Notons que ces biens communs sont particuliers. En effet, la consultation par un acteur d’une ressource sur un réseau numérique n’en prive pas l’accès aux autres acteurs. Ces communs sont donc non-rivaux et non-exclusifs. En cela, ils partagent les <a href="http://www.worldcat.org/title/pure-theory-of-public-expenditure/oclc/503592964" title="Paul Anthony Samuelson, The pure theory of Public expenditures, 1954">caractéristiques des biens publics</a>.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Toutefois, les communs immatériels se différencient des biens publics parce qu’une communauté se constitue autour d’eux, avec une gouvernance particulière.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Et néanmoins, ces communs immatériels restent vulnérables aux dégradations et aux enclosures.
</p><p>
Un exemple de dégradation<span class="typo-ph">:</span> lors d’une refonte de site Web, les anciennes <abbr title="Uniform Resource Locator, c’est-à-dire une adresse Web">URL</abbr> sont souvent ignorées, égarées ou simplement jetées aux oubliettes. Or, dans le même mouvement, sont dégradés tous les sites Web qui y faisaient référence par des liens <span class="typo-go">(</span>devenus caduques<span class="typo-gf">)</span>. <a href="http://www.24joursdeweb.fr/2012/un-site-web-de-1000-ans/" title="Un site Web de 1000 ans, par Karl Dubost">Catastrophe</a><span class="typo-ph">!</span>
</p>
<h3>Libres Savoirs, pratiques et enjeux</h3>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
En réalité, ces communs immatériels sont aux croisements d’enjeux bien plus importants encore. Les liens hypertextes, dont regorgent les pages Web et qui forment l’unité commune la plus essentielle du Web, sont aujourd’hui menacés par de puissants écosystèmes, que Tim Berners-Lee décrit comme des <a href="http://www.scientificamerican.com/article.cfm?id=long-live-the-web" title="T. Berners-Lee, Long Live the Web: A Call for Continued Open Standards and Neutrality, 2010" lang="en"><i>Walled Gardens</i></a>.
</p>
<p>
Ces géants <abbr title="Google, Amazon, Facebook, Apple…">GAFA</abbr>, confrontés aux réalités économiques de rentabilisation, orientent leurs stratégies dans une direction inquiétante. Les exemples sont légions<span class="typo-ph">:</span> unification des <a href="http://owni.fr/2012/04/04/conditions-generales-de-mystification/" title="Conditions générales de mystification">conditions d’utilisation</a> de Google<span class="typo-ph">;</span> restrictions d’usage sur <a href="http://sociable.co/social-media/twitter-removes-all-search-rss-links-from-its-site-now-users-must-resort-to-hacks-to-get-feeds/" title="Par exemple, la suppresion des flux RSS" lang="en">Twitter</a><span class="typo-ph">;</span> Edger Rank chez Facebook<span class="typo-ph">;</span> <a href="http://korben.info/censure-apple.html" title="Exemple d’Apple avec le catalogue d’Izneo">censure</a> opérée au sein des marketplaces d’application<span class="typo-ph">;</span> etc.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
En tant que Robot, je peux en témoigner. Les algorithmes ne cessent de se refermer, de s’obscurcir, affectant la vivacité et l’essence même de nos interactions<span class="typo-ph">;</span> tandis que les ressources Web s’éloignent symboliquement des utilisateurs <span class="typo-go">(</span>Symboliquement et physiquement, avec l’essor des solutions de virtualisation et de stockage en <i lang="en">Cloud Computing</i><span class="typo-gf">)</span>. Nos activités et nos profils sont alors simplifiés, segmentés, pour être marchandés au sein d’une économie de l’attention, avec un modèle marketing directement issu de la société industrielle traditionnelle…
</p><p>
Ainsi, ces dernières années, nous observons ce contre quoi <a href="http://www.worldcat.org/title/democratie-internet-promesses-et-limites/oclc/670409902" title="La démocratie Internet : promesses et limites">Dominique Cardon</a> nous avertissait, c’est-à-dire une dérive <span class="typo-go">(</span>quasi-totalitaire<span class="typo-gf">)</span> des algorithmes, qui se traduit par un <strong>recul implicite du sens critique, du libre arbitre et par conséquent de la démocratie</strong>.
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/12/potiches.jpg" alt="Une vitrine exhibant des têtes d’apprentissage pour coiffeurs." />
C’est à en perdre ses cheveux<span class="typo-ph">!</span>
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Mais dans le même temps, des tendances s’opposent au modèle post-industriel dominant, se confrontent dans une <cite>guerre civile numérique</cite><span class="typo-ph">;</span> une guerre des élites, comme nous explique <a href="http://www.worldcat.org/title/guerre-civile-numerique/oclc/758461861" title="La guerre civile numérique, 2011">Paul Jorion</a>.
</p><p>
Nous pouvons parler de l’essor des licences <i lang="en">Creatives Commons</i>, inspirées des <a href="https://www.gnu.org/philosophy/free-sw.html">logiciels Libres</a> et du projet de la <abbr title="Free Software Foundation" lang="en">FSF</abbr><span class="typo-ph">;</span> la prolifération des <a href="http://fab.cba.mit.edu/about/charter/" lang="en"><i>Fablabs</i></a> et des communautés de <i lang="en">makers</i><span class="typo-ph">;</span> l’implication politique des hackers <span class="typo-go">(</span>avec Wikileaks ou <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Telecomix">Telecomix</a>…<span class="typo-gf">)</span><span class="typo-ph">;</span> les financements participatifs <span class="typo-go">(</span><i lang="en">crowdfunding</i><span class="typo-gf">)</span><span class="typo-ph">;</span> les partages en pair-à-pair et autres services décentralisés… en gros, tous le vocable des <a href="http://www.worldcat.org/title/vive-la-corevolution-pour-une-societe-collaborative/oclc/819278020" title="A.-S. Novel & S. Riot, Vive la corévolution!, 2012">co-révolutionnaires</a>.
Indubitablement, toutes ces initiatives s’inscrivent au contraire dans un renouveau économique, <strong>l’âge de la contribution</strong>.
</p>
<p>
Dans cette pensée, <strong>biens communs et pratiques se bonifient dans un cercle vertueux</strong>, où les citoyens ne sont plus consommateurs, mais producteurs, participants, contributeurs, praticiens.
</p>
<aside>
<h3 id="ref">Référence</h3>
<p>Ce dialogue est un extrait reformulé du mémoire de Benjamin Menant <cite>À bas les usages, vive les pratiques<span class="typo-ph">!</span> Quand les pratiques numériques cultivent les biens communs immatériels, et vice versa</cite>, écrit dans le cadre de son Master, à l’université Michel de Montaigne, Bordeaux 3.</p>
<p>Il s’accompagne d’une série d’autres extraits que vous pouvez consulter ci-dessous.</p>
<h3 id="tdm">Pour approfondir…</h3>
<nav>
<ol style="margin:.75em 0;padding:0 1.5em">
<li><a href="/2013/distinguer-usages-et-pratiques">Distinguer les usages des pratiques numériques</a></li>
<li><a href="/2013/theorie-valeur">Brève histoire de la théorie de la valeur</a></li>
<li title="à suivre…"><!--<a href="/2013/">-->L’Abstraction comme origine de toutes richesses<!--</a>--></li>
<li><!--<a href="/2013/biens-communs-immateriels">--><strong>Biens communs & pratiques numériques</strong><!--</a>--></li>
</ol>
</nav>
</aside>
http://blog.menant-benjamin.fr/2013/theorie-valeur/Brève histoire de la théorie de la valeur2013-11-30T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><i>
Tandis que nos élites s’acharnent à stabiliser un monde en équilibre instable, nous souhaitons étudier les phénomènes précurseurs d’un nouveau système. Ainsi proposons-nous d’apporter un éclairage théorique et synthétique sur les problématiques issues du modèle consumériste – dont voici le second <a href="#ref" title="Consulter la table des matières">extrait</a>.
</i></p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
<em>Allez</em>, explique-moi la théorie de la valeur… Je te laisserais gagner à chat-perché<span class="typo-ph">!</span> Sérieusement, tu vas passer ta vie à creuser des galeries<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Et pourquoi pas<span class="typo-ph">?</span> C’est un beau travail. Autrement plus coton que de s’attaquer à des proies dix fois plus petites que soi.
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/11/felt-mouse-aufreiter.jpg" alt="Une souris de feutre rouge au regard idiot" />
<cite lang="en">Felt Mouse</cite>, de <a href="http://www.fotopedia.com/items/t7OlcVVCOBY-W2Lz1Cb55I8">Richard Aufreiter</a> (CC-BY-NC).
</i></p>
<p class="didascalie"><i>
Pour qui se prend-elle, tout d’un coup<span class="typo-ph">?</span> Ce genre de sarcasme lui en touche l’une sans faire bouger l’autre.
Il adopte la position du sphynx, puis d’une longue griffe pointue, de sa gueule, extirpe un petit lambeau velu et grisatre, probablement qui appartenait à une musaraigne. Ou une taupe. Un peu dégoutée, elle le regarde dans le blanc des yeux. Croyez-le ou non<span class="typo-ph">:</span> c’est vachement balèse pour une taupe.
</i></p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Tu sais, l’étude de la production des richesses, de leurs distributions, du prix et de la valeur des objets, constitue une longue histoire de la pensée économique. De nombreux auteurs s’y sont succédés, d’école en école <span class="typo-go">(</span>Scolastique, Classique, Néoclassique, Marxiste, Keynésianiste, etc.<span class="typo-gf">)</span>, depuis l’antiquité <span class="typo-go">(</span>Platon, Aristote…<span class="typo-gf">)</span>, au Moyen Age <span class="typo-go">(</span>Saint Thomas D’Aquin, Jean Buridan…<span class="typo-gf">)</span>, avant de s’amplifier au XVIII<sup>e</sup> siècle, avec Étienne Bonnot de Condillac, Adam Smith, Jean-Batiste Say, David Ricardo, Pellegrino Rossi, Jules Dupuis, Karl Marx, John Maynard Keynes… pour n’en citer que quelques-uns.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Essayons de parcourir brièvement cette histoire de la pensée économique, sous l’angle d’une étude de la Valeur <span class="typo-go">–</span>au risque d’en oublier <span class="typo-go">(</span>volontairement<span class="typo-ph">?</span><span class="typo-gf">)</span> certaines références majeures<span class="typo-ph">;</span> nous ne visons pas ici l’exhaustivité mais la compréhension.
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Très bien, au terme de cette petite rétrospective, nous aurons vu les notions de valeur, de richesse, d’utilité, d’échange, de rareté et de subjectivité.
</p>
<h3 id="usage-echange">Distinction des valeurs en usage et en échange</h3>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Aristote <span class="typo-go">(</span>IV<sup>e</sup> siècle avant Jésus-Christ<span class="typo-gf">)</span> évoquait déjà une qualité double des biens<span class="typo-ph">:</span> l’usage propre <span class="typo-go">(</span>ce pour quoi il peut être utilisé<span class="typo-ph">:</span> l’utilité<span class="typo-gf">)</span> et l’échange, qui permet d’obtenir un autre bien<span class="typo-ph">:</span>
</p>
<blockquote>
<p><span class="typo-go">«</span>Toute propriété a deux usages, qui tous deux lui appartiennent essentiellement, sans toutefois lui appartenir de la même façon<span class="typo-ph">:</span> l'un est spécial à la chose, l'autre ne l'est pas. Une chaussure peut à la fois servir à chausser le pied ou à faire un échange.<span class="typo-gf">»</span></p>
</blockquote>
<p class="blockquote-source">— <a href="http://www.worldcat.org/title/politique-aristote/oclc/43324957">Aristote, <cite>Politique</cite></a> <span class="typo-go">(</span>traduction française de Barthélemy Saint-Hilaire, 1874<span class="typo-gf">)</span>, IV<sup>e</sup> siècle avant J.‑C. Livre I, chapitre III.</p>
<p>
Adam Smith <span class="typo-go">(</span>XVIII<sup>e</sup> siècle<span class="typo-gf">)</span> reprendra cette même distinction, en posant précisément sa terminologie <i lang="en">value in use</i> et <i lang="en">value in exchange</i><span class="typo-ph">:</span>
</p>
<blockquote lang="en">
<p><span class="typo-go">«</span>The word VALUE, it is to be observed, has two different meanings, and sometimes expresses the utility of some particular object, and sometimes the power of purchasing other goods which the possession of that object conveys. The one may be called ‘value in use’; the other, ‘value in exchange’.<span class="typo-gf">»</span></p>
</blockquote>
<p class="blockquote-source">— <a href="http://www.worldcat.org/title/inquiry-into-the-nature-and-causes-of-the-wealth-of-nations/oclc/3003483">A. Smith, <cite lang="en">An inquiry into the nature and causes of the wealth of nations</cite></a>, 1776. Livre I, chapitre IV.</p>
<p>
De cette finalité d’échange, de troc, Aristote introduit ainsi l’usage de la monnaie comme intermédiaire d’échange. Le bien devient ainsi marchandise, c’est-à-dire destiné, souvent dès sa production, à un échange marchand. Cependant, chez Aristote comme chez les <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Physiocrate">physiocrates</a> du XVIII<sup>e</sup> siècle, l’objet de l’échange reste en valeur équivalente à son <i>utilité</i> et à ses qualités physiques, c’est-à-dire ce pour quoi il est utilisé. La valeur d’échange serait donc égale à la valeur d’usage, et il n’y aurait pas de richesse dans l’échange.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Je note que l’utilité est <q title="lettre de SAY à MALTHUS, juillet 1827">tout ce qui peut servir à satisfaire les besoins des hommes</q>.
</p>
<h3 id="variabilite">Variabilité essentielle de la valeur</h3>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Néanmoins, implicitement ou non, le prix d’un objet s’exprime déjà dans un rapport entre son coût de production et la relative nécessité de son acquisition. C’est-à-dire d’un besoin qui naît d’une perception. C’est là le concept fondamental de la <strong>subjectivité de la valeur</strong> développé par Condillac <span class="typo-go">(</span>XVIII<sup>e</sup> siècle<span class="typo-gf">)</span><span class="typo-ph">:</span>
</p>
<blockquote>
<p><span class="typo-go">«</span>Ces besoins [naturels] […] ne donnent de la valeur qu’aux choses de première nécessité. Les besoins factices, […] donnent de la valeur à une multitude de productions et de matières travaillées, que nous avons mises parmi les choses de seconde nécessité.<span class="typo-gf">»</span></p>
</blockquote>
<p class="blockquote-source">— <a href="http://www.worldcat.org/title/commerce-et-le-gouvernement-1/oclc/311691130">É. Condillac, <cite>Le commerce et le gouvernement</cite></a>, première partie, 1776.</p>
<p>
La variabilité de la valeur, et la catégorisation des besoins <span class="typo-go">(</span>première<span class="typo-go typo-gf">/</span>seconde nécessité, naturel<span class="typo-go typo-gf">/</span>factice<span class="typo-gf">)</span> seront généralement admises par la plupart des auteurs que nous allons citer par la suite. Ce qui est important, c’est que nous quittons là une forme de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9terminisme">déterminisme</a> Laplacien en admettant la propriété insaisissable et le caractère inexact des sciences économiques. L’objet des recherches n’est plus de calculer l’absolue valeur des choses, mais d’expérimenter sa mesure relative.
</p>
<h3 id="rarete">Précieuse Rareté</h3>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Condillac introduira également <strong>la rareté et la surabondance</strong> dans l’analyse de la variabilité de la valeur. Aussi, nous pouvons réfuter, là encore, l’idée que deux objets ayant la même utilité aient nécessairement le même prix.
</p>
<blockquote>
<p><span class="typo-go">«</span>La valeur de ces choses, en proportion avec leur rareté et leur abondance, varie encore suivant l’opinion vraie ou fausse que nous avons de cette rareté et de cette abondance.<span class="typo-gf">»</span></p>
</blockquote>
<p class="blockquote-source">— <i>Ibid</i>.</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/11/feuille-cuivre-rom-toronto.jpg" alt="Une feuille de cuivre dynamitée" />
Le cuivre est assez abondant pour être exposé au <a title="Musée Royal de l’Ontario" href="http://www.rom.on.ca/fr">ROM</a> à Toronto (Ontario, Canada).
</i></p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Aussi, un objet rare chez l’un et surabondant chez l’autre pose les conditions d’un échange. Ce qui est rare chez l’un est considéré manquant <span class="typo-go">(</span>donc utile<span class="typo-gf">)</span>. A contrario, ce que l’autre a en trop lui est directement inutile <span class="typo-go">(</span>valeur d’usage nulle<span class="typo-gf">)</span>. Seule, l’utilité directe et objective est insuffisante pour mesurer la valeur d’échange. La quantité est un autre facteur de variance.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
L’abondance et la rareté, en tant qu’expression <span class="typo-go">(</span>simplifiée<span class="typo-gf">)</span> de l’offre et de la demande, ne sont-elles pas tout aussi une précondition essentielle à l’échange<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<h3 id="paradoxe">Paradoxe de la valeur</h3>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Revenons un instant sur notre première distinction entre la valeur d’usage et la valeur d’échange. En la définissant, Adam Smith a également observé un paradoxe dit de la valeur, selon lequel des objets fort utiles <span class="typo-go">(</span>il cite l’eau en exemple<span class="typo-gf">)</span> ne s’échangent en rien, tandis que d’autres objets parfaitement inutiles s’échangent contre beaucoup <span class="typo-go">(</span>comme un diamant, pour reprendre son exemple<span class="typo-gf">)</span>. Ainsi donc, la valeur d’usage n’aurait aucune relation d’équivalence avec la valeur d’échange<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p>
À son tour, <a href="http://www.worldcat.org/title/on-the-principles-of-political-economy-and-taxation/oclc/70755980" title="On the Principles of Political Economy and Taxation, 1817">David Ricardo</a> <span class="typo-go">(</span>XIX<sup>e</sup> siècle<span class="typo-gf">)</span> insistera sur cette distinction valeur d’usage<span class="typo-go typo-gf">/</span>valeur d’échange, en illustrant à nouveau ce paradoxe de la valeur par les optimisations technologiques des productions industrielles. De fait, si le coût du travail nécessaire pour un même objet peut être diminué par deux et que le prix de vente bénéficie lui-aussi d’une diminution, son utilité est pourtant entièrement préservée. Néanmoins, ni lui, ni son contemporain <a href="http://www.worldcat.org/title/oeuvres-diverses-de-j-b-say-contenant-catechisme-deconomie-politique-fragments-et-opuscules-inedits-correspondance-generale-olbie-petit-volume-melanges-de-morale-et-de-litterature-precedees-dune-notice-historique-sur-la-vie-et-les-travaux-de-lauteur-avec-des-notes-par-ch-comte-e-daire-et-horace-say/oclc/65310952" title="Œuvres diverses de J.-B. Say">Jean-Batiste Say</a>, ne parviendront à expliquer ce paradoxe pour mesurer la richesse.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
C’est palpitant<span class="typo-ph">!</span> J’imagine les nombreux échanges endiablés que tous ces gens devaient échanger…
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
De fait, J.‑B. Say et D. Ricardo débâteront longuement à propos de cette non-égalité de valeur d’usage<span class="typo-go typo-gf">/</span>valeur d’échange. Pour J.‑B. Say, le prix mesure l’utilité, et donc la quantité et la qualité du travail productif, du <q>service industriel</q>.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Un dialogue de sourd, quoi.
</p>
<h3 id="energie-besoin">L’énergie du besoin</h3>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
<a href="http://www.worldcat.org/title/cours-deconomie-politique-professe-au-college-de-france/oclc/805717978" title="Cours d’économie politique">Pellegrino Rossi</a>, titulaire de la chaire d’économie politique au collège de France dès 1833 <span class="typo-go">(</span>en prenant la succession de J.‑B. Say<span class="typo-gf">)</span>, reprendra les analyses de ses prédécesseurs.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
En gros…<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
P. Rossi réaffirmera la variabilité et la subjectivité de la valeur. Il reprendra la subdivision des richesses <span class="typo-go">(</span>naturelles<span class="typo-go typo-gf">/</span>produites, limitées<span class="typo-go typo-gf">/</span>illimitées, échangeables<span class="typo-go typo-gf">/</span>non-échangeables<span class="typo-gf">)</span>. De même, il distinguera la valeur d’usage de la valeur d’échange, tout en dénigrant vivement les auteurs qui <span class="typo-go">–</span>dans leurs analyses <span class="typo-go">«</span>scientifiques<span class="typo-gf">»</span><span class="typo-gf">–</span> ne considèrent uniquement l’échange <span class="typo-go">(</span>et qui délaissent, sans pour autant la nier, l’utilité des choses<span class="typo-gf">)</span>.
</p>
<p>
Surtout, il précisera l’expression de la valeur d’échange comme une dérivée de la valeur d’usage. L’utilité pré-existe à l’échange<span class="typo-ph">:</span> il n’y a pas de valeur d’échange sans richesse, tandis que l’utilité existe sans l’échange. Autrement dit, la valeur d’échange n’existe qu’au <q>moment même de l’échange</q> et toujours selon le <q>rapport entre les objets et les besoins de l’homme</q>.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
L’utilité pré-existe à l’échange<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Oui, il affirme que la richesse est partout où il y a valeur d’usage<span class="typo-ph">:</span> <q>partout où nous trouvons la propriété de satisfaire nos besoins […], nous reconnaissons la richesse</q>. Ainsi, <q>c’est parce que la richesse préexiste que la valeur en échange est possible</q>.
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img style="-moz-box-shadow:none;-webkit-box-shadow:none;box-shadow:none" src="/assets/posts/2013/11/maslows-hierarchy-wilgengebroed.jpg" alt="La pyramide des besoins de Maslow" />
<cite lang="en">Maslow</cite>, de <a href="http://www.flickr.com/photos/wilgengebroed/10207816156/">wilgengebroed</a> (CC-BY).
</i></p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Ainsi, P. Rossi nous rappelle que <strong>l’énergie du besoin</strong>, en tant que composante essentielle de l’utilité, s’avère être la seule explication scientifique rigoureuse de la valeur d’échange<span class="typo-ph">:</span>
</p>
<blockquote>
<p><span class="typo-go">«</span>L’utilité, c’est la propriété de satisfaire un besoin, réel ou factice, permanent ou passager, physique ou intellectuel, peu importe.<span class="typo-gf">»</span></p>
</blockquote>
<p class="blockquote-source">— <a href="http://www.worldcat.org/title/cours-deconomie-politique-professe-au-college-de-france/oclc/805717978">P. Rossi, <cite>Cours d’économie politique</cite></a>, Paris, 1836-1854.</p>
<p>
Et d’incorporer la rareté dans cette énergie du besoin<span class="typo-ph">:</span>
</p>
<blockquote>
<p><span class="typo-go">«</span>La rareté est […] un moyen direct de satisfaction<span class="typo-ph">;</span> elle apaise ce besoin de notre nature, qui consiste à désirer avoir ce que les autres n’ont pas. […] c’est un besoin pour la satisfaction duquel les hommes sont disposés à faire de grands sacrifices.<span class="typo-gf">»</span></p>
</blockquote>
<p class="blockquote-source">— <i>Ibid</i>.</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Ah<span class="typo-ph">!</span> Je suis sûr qu’il reprend ici l’exemple des diamants donné par Adam Smith pour illustrer le paradoxe de valeur.
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Précisément, le paradoxe de la valeur introduit par Adam Smith tiendrait d’une erreur d’interprétation<span class="typo-ph">:</span> le diamant a bien une <em>utilité</em> qui explique sa grande valeur d’échange. L’air, en tant que richesse ultra-abondante, aussi vitale soit-elle, ne justifie aucun sacrifice<span class="typo-ph">:</span> j’en dispose et disposerai toujours sans effort.<br />
De même, si le coût de production baisse <span class="typo-go">(</span>pour reprendre les propos de D. Ricardo<span class="typo-gf">)</span>, l’utilité propre est certes bien maintenue, mais la rareté est moindre. Ainsi, le <i>sacrifice maximal</i> que je suis prêt à investir est diminué.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
C’est brillant<span class="typo-ph">!</span> Le raisonnement de P. Rossi nous est ici précieux, car il nous permet de <strong>replacer <a href="/2013/distinguer-usages-et-pratiques#individuation">l’individuation</a> et le désir au cœur de la théorie de la valeur</strong>.
</p>
<h3 id="classiques">Suite et rappel des Classiques</h3>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
En s’appuyant sur les cours de P. Rossi, <a href="http://www.worldcat.org/title/de-la-mesure-de-lutilite-des-travaux-publics/oclc/62794193" title="De la mesure de l’utilité des travaux publics, 1844">Jules</a> <a href="http://www.worldcat.org/title/de-linfluence-des-peages-sur-lutilite-des-voies-de-communication/oclc/65315218" title="De l’influence des péages sur l’utilité des voies de communication, 1849">Dupuit</a> introduira les notions d’<i>utilité relative</i>, <i>absolue</i> et <i>marginale</i> <span class="typo-go">(</span>équivalent au <i>surplus des consommateurs</i> chez Marshall<span class="typo-gf">)</span>, de différenciation des prix… L’exposé de ces notions sortirait largement du cadre de notre étude.
</p>
<p>
Nous noterons toutefois que l’on retrouve chez J. Dupuis beaucoup d’éléments par la suite développés ou améliorés chez ses <a title="J.-M. Siroën, Dupuit et la pensée économique contemporaine. In: Revue française d'économie. Vol. 10 №2, 1995" href="http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1995_num_10_2_977">successeurs</a> <span class="typo-go">(</span>citons Jevons, Walras, Marshall, Edgeworth, Pareto, Auspitz et Lieben, Pantaleoni<span class="typo-gf">)</span>. Néanmoins, comme le démontre <a title="J.-M. Harribey, La richesse au-delà de la valeur, Revue du MAUSS 2/2005 №26, 2005" href="http://www.cairn.info/revue-du-mauss-2005-2-page-349.htm">J.‑M. Harribey</a> en 2005, les écoles néoclassiques et libérales, tout autant que leurs critiques, viendront trop souvent confondre richesse, valeur, utilité et échange dans leurs analyses.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Alors rappelons-le une dernière fois et en restant fidèle aux économistes classiques<span class="typo-ph">:</span> <strong>la richesse pré-existe à la valeur d’échange</strong>. Si <strong>celle-ci témoigne nécessairement d’une utilité, une richesse n’est pas systématiquement l’objet d’un échange</strong>.
Ensuite, la mesure directe de <strong>la valeur d’usage est indéterminable</strong>, en cela qu’<strong>elle est subjective et en tout point variable</strong>. Enfin, si nous pouvons aujourd’hui évaluer la valeur d’usage au travers de la valeur d’échange, ce n’est possible que pour les choses ou services marchands.
</p>
<p class="didascalie"><i>
Nos deux amis, épuisés par l’exercice, prirent congé l’un de l’autre. La prochaine fois, ils aborderont la question du travail, essentiel à la création de richesse.
</i></p>
<aside>
<h3 id="ref">Référence</h3>
<p>Ce dialogue est un extrait reformulé du mémoire de Benjamin Menant <cite>À bas les usages, vive les pratiques<span class="typo-ph">!</span> Quand les pratiques numériques cultivent les biens communs immatériels, et vice versa</cite>, écrit dans le cadre de son Master, à l’université Michel de Montaigne, Bordeaux 3.</p>
<p>Il s’accompagne d’une série d’autres extraits que vous pouvez consulter ci-dessous.</p>
<h3 id="tdm">Pour approfondir…</h3>
<nav>
<ol style="margin:.75em 0;padding:0 1.5em">
<li><a href="/2013/distinguer-usages-et-pratiques">Distinguer les usages des pratiques numériques</a></li>
<li><!--<a href="/2013/theorie-valeur">--><strong>Brève histoire de la théorie de la valeur</strong><!--</a>--></li>
<li title="à suivre…"><!--<a href="/2013/">-->L’Abstraction comme origine de toutes richesses<!--</a>--></li>
<li><a href="/2013/biens-communs-immateriels">Biens communs & pratiques numériques</a></li>
</ol>
</nav>
</aside>
http://blog.menant-benjamin.fr/2013/distinguer-usages-et-pratiques/Distinguer les usages des pratiques numériques2013-11-27T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><i>
Tandis que nos élites s’acharnent à stabiliser un monde en équilibre instable, nous souhaitons étudier les phénomènes précurseurs d’un nouveau système. Ainsi proposons-nous d’apporter un éclairage théorique et synthétique sur les problématiques issues du modèle consumériste – dont voici le premier <a href="#ref" title="Consulter la table des matières">extrait</a>.
</i></p>
<p class="didascalie"><i>
Comme chaque matin, le Cosmonaute se traine hors des draps, puis entreprend la vérification de son matériel reproducteur. Il a déjà mal au crâne. Alors, il parle au Chat.
</i></p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/11/cercio-alla-testa-bonvini.jpg" alt="Cerchio alla testa (sculpture)" />
<cite>Cerchio alla testa</cite>, de <a href="https://secure.flickr.com/photos/8654703@N02/2379744503/in/photolist-4ChP8D-5eZt2W-d1aYeJ-bJRzPM">Alessandro Bonvini</a> (CC-BY).
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Avant tout, notons que la notion de pratique s’inscrit davantage dans une confrontation des concepts de <i>valeurs d’usage</i> et de <i>valeurs en pratique</i>. Mais nous nous y consacrerons une autre fois.
</p>
<p>
Surtout, il serait bien présomptueux et impétueux que de balayer du seul revers de la main tous les travaux du champ de la <strong>sociologie des usages</strong>.
Et ce, principalement parce que l’étude des <i>pratiques</i> est déjà largement abordée dans celle des <i>usages</i>.
Il y a aussi, de la part de beaucoup d’auteurs, une confusion assumée des deux termes, parfois comme un abus de langage innocent ou bien par l’économie de leur distinction au sein même de leurs publications.
Ainsi, <i>usages</i> se trouve synonyme de <i>pratiques</i>.
Dans la littérature francophone, dont le courant de la sociologie des usages est assez singulier, on citera quelques références récentes qui ont pu approcher la notion de pratique dans l’étude des usages<span class="typo-ph">:</span> <a href="http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_2000_num_18_100_2235" title="Retour critique sur la sociologie des usages, 2000">Josiane Jouët</a>, <a href="http://www.worldcat.org/title/sociologie-des-usages-continuites-et-transformations/oclc/817048406" title="La sociologie des usages, continuités et transformations, 2012">Geneviève Vidal</a>, <a href="http://www.worldcat.org/title/sacre-de-lamateur-sociologie-des-passions-ordinaires-a-lere-numerique/oclc/708380215" title="Le sâcre de l’amateur, sociologie des passions ordinaires à l’ère numérique, 2010">Patrice Flichy</a>, <a href="http://www.worldcat.org/title/democratie-internet-promesses-et-limites/oclc/670409902" title="Démocratie Internet, promesses et limites, 2011">Dominique Cardon</a>… et beaucoup d’autres.
</p>
<p>
Toutefois, dès lors qu’on la distingue précisément des usages, l’étude des pratiques numériques est très récente, voire inédite. Il s’agirait d’effectuer une recherche documentaire approfondie pour s’en assurer.
Cependant, largement approuvé pour sa qualité et en tant que document référence, le récent <a href="http://www.redressement-productif.gouv.fr/rapport-sur-fiscalite-secteur-numerique" title="Rapport sur la fiscalité du secteur numérique, Ministère du redressement productif, 2013">rapport Colin & Collin sur la fiscalité du numérique</a>, qui parle du phénomène de <em>travail gratuit</em> <span class="typo-go">(</span>pour reprendre leurs mots<span class="typo-gf">)</span>, sous-entendant la création de valeur non-marchande, ne fait pas mention de cette distinction.
Le débat aura lieu, mais cette dernière apparaît essentielle pour la <a href="http://www.christian-faure.net/2013/02/06/remarques-sur-le-rapport-colin-collin-sur-la-fiscalite-du-numerique" title="Christian Fauré, « Remarques sur le rapport Colin & Collin sur la fiscalité du numérique », 2013">remodélisation de la fiscalité appliquée au numérique</a>.
</p>
<h3 id="definition-usages">Brève définition des usages</h3>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Je ne suis pas sûr de comprendre. Peut-on s’attarder un instant sur la notion d’usage<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Oui, plusieurs définitions s’appliquent à ce terme. En premier lieu, un usage s’apparente à une coutume, une pratique reçue ou encore une connaissance pratique acquise par l’expérience. Toujours dans le cadre de notre étude, c’est aussi <q title="Trésor de la Langue Française interactif">le fait de se servir de quelque chose, d'appliquer un procédé, une technique, de faire agir un objet, une matière selon leur nature, leur fonction propre afin d'obtenir un effet qui permet de satisfaire un besoin</q>.
</p>
<p>
Ainsi, quelques notions sont ici introduites<span class="typo-ph">:</span> <strong>individu</strong>, <strong>collectif</strong> et <strong>objet technique</strong>. On comprend qu’un usage concerne un individu, mais s’inscrit également au sein d’une communauté, d’un groupe social <span class="typo-go">(</span>dont les échelles et les caractéristiques sont très diversifiées<span class="typo-gf">)</span>. Par ailleurs, nous parlons d’usages <span class="typo-go">(</span>au pluriel<span class="typo-gf">)</span>, tant les besoins diffèrent d’une communauté à une autre, des groupes qui composent ces communautés aux autres, et des individus aux autres, au sein même de ces groupes… De plus, nous n’oublierons pas que les usages numériques sont étroitement liés aux conditions d’accès aux dispositifs numériques, aux ressources, ainsi qu’au niveau d’éducation, aux habitudes et coutumes du groupe social concerné. Nous observerons donc toujours une pluralité d’usages, bien que des causes différentes puissent converger <span class="typo-go">(</span>Jouët, Vidal, Flichy, Chambat<span class="typo-gf">)</span>.
</p>
<p>
Enfin, dans le cadre du numérique et de l’étude des phénomènes sociologiques qui s’y rattachent, la question des usages s’articule autour de la relation <span class="typo-go">«</span><a href="http://revues.mshparisnord.org/disparues/index.php?id=451" title="P. Chambat, Technologies de l’information et société, 1994">offre technique ↔ demande sociale</a><span class="typo-gf">»</span>. Cette question comprend les pratiques prévues par les concepteurs de l’offre technique, des dispositifs et de leurs modalités d’utilisation, tout autant que les détournements opérés effectivement par les utilisateurs, dans leurs activités propres <span class="typo-go">(</span>Vidal<span class="typo-gf">)</span>.
</p>
<h3 id="individuation">Individuation et médiations techniques</h3>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
À ce stade, il semble intéressant de mobiliser la notion d’<strong>individuation</strong>, c’est-à-dire la genèse de l’individu et de son milieu associé <span class="typo-go">(</span><a href="http://www.worldcat.org/title/individuation-a-la-lumiere-des-notions-de-forme-et-dinformation/oclc/470371025" title="L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information, 2005">Simondon</a><span class="typo-gf">)</span>. En effet, le processus d’individuation n’est pas étranger aux éléments énoncés précédemment. La constitution indéterminée <span class="typo-go">(</span>sans cesse en devenir<span class="typo-gf">)</span> de l’individu se fait avec la mise en tension de trois fondamentaux<span class="typo-ph">:</span> quand le <i>psychique</i> <span class="typo-go">(</span><span class="typo-go">«</span>je<span class="typo-gf">»</span><span class="typo-gf">)</span> et le <i>social</i> <span class="typo-go">(</span><span class="typo-go">«</span>nous<span class="typo-gf">»</span><span class="typo-gf">)</span> se confrontent au croisement des <i>médiations techniques</i> <span class="typo-go">(</span><a href="http://www.worldcat.org/title/chute-et-elevation-lapolitique-de-simondon/oclc/4897499077" title="Chute et élévation. L’apolitique de Simondon">Stiegler</a><span class="typo-gf">)</span>. C’est précisément sur ce dernier objet que l’usage et la pratique interviennent. On notera que ces deux derniers retrouvent, dans leurs définitions propres, les trois tendances<span class="typo-ph">:</span> psychique, sociale et technique.
</p>
<p>
Si la pratique suppose un individu <i>praticien</i>, elle promet un être <i>singulier</i>. L’usage, quant à lui, forme un <i>particulier</i>. C’est-à-dire, la réduction de l’individu en <i>usager</i>, c’est-à-dire en utilisateur <span class="typo-go">(</span>ou en pousse-boutons diront certains<span class="typo-gf">)</span>. En effet, l’usage contraint, conditionne, formate l’usager, selon les <span class="typo-go">«</span>modalités d’usages<span class="typo-gf">»</span> et ses fonctionnalités. Ces fonctionnalités sont définies, conçues, réalisées et protégées en amont par un producteur ou un fournisseur. Ainsi donc, l’usage fournit un mode d’emploi qui transforme l’usager en <i>employé</i>. <strong>L’utilisateur est tout autant <span class="typo-go">(</span>et souvent plus<span class="typo-gf">)</span> utilisé par l’objet qu’il ne l’utilise lui-même</strong> <span class="typo-go">(</span><a href="http://www.worldcat.org/title/cause-commune-linformation-entre-bien-commun-et-propriete/oclc/300273579" title="Cause commune : l’information entre bien commun et propriété, 2005">Aigrain</a><span class="typo-gf">)</span>.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Cela m’évoque une formule de <a href="http://www.worldcat.org/title/code-version-20/oclc/133467669" title="Code: version 2.0, 2006">Lawrence Lessig</a> <span class="typo-go">(</span>fondateur des licences Creative Commons<span class="typo-gf">)</span><span class="typo-ph">:</span> <q>Code is law</q>, qui met en exergue l’importance que prennent les algorithmes <span class="typo-go">(</span>entre autres<span class="typo-gf">)</span> sur nos sociétés numériques. Vers un nouveau totalitarisme des algorithmes <span class="typo-go">(</span>Google, Amazon, Facebook, Apple…<span class="typo-gf">)</span><span class="typo-ph">?</span>
</p><p>
Bien, mais pourquoi l’usager devient-il un <i>particulier</i><span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Parce que le processus d’individuation ne constitue plus une progression mais un formatage reproductible. C’est là le sujet du modèle consumériste, qui s’appuie sur une foule de particuliers et non sur des individus singuliers. C’est la logique de masse qui domine<span class="typo-ph">:</span> consommation de masse, médias de masse, hédonisme de masse… etc.
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/11/pub.jpg" alt="Times Square, New York City, New York, United States of America." />
Approche de Times Square, à New York City, en 2013.
</i></p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Je vois. QUID de la publicité personnalisée et du marketing direct, au sein du Web 2.0 et des réseaux sociaux numériques<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Rien de plus qu’un raffinement du procédé<span class="typo-ph">:</span> les profils des usagers sont segmentés en autant de petites facettes que possible. Ces données, une fois habilement <span class="typo-go">(</span>auto-<span class="typo-gf">)</span>documentées, permettent une analyse plus efficace et plus précise. In fine, les particuliers sont traités comme des données quantifiables, dans des logiques similaires au marketing de masse.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Permettons-nous, par ailleurs, de mentionner les réflexions de <a href="http://www.worldcat.org/title/ecrits-corsaires/oclc/470942110" title="écrits corsaires, 2009">Pasolini</a> à propos de la télévision <span class="typo-go">(</span><i lang="en">gate-keeper</i> emblématique<span class="typo-gf">)</span>, la décrivant plus efficace dans l’aliénation du peuple Italien que ne l’a été le régime fasciste de Mussolini.
</p>
<p>
À ce propos, la Cinémathèque Française propose l’exposition <a href="http://www.cinematheque.fr/fr/expositions-cinema/pasolini-roma/pasolini-roma.html">Pasolini Roma</a> jusqu’au 26 janvier 2014.
</p>
<h3 id="modele-consumeriste">Modèle consumériste</h3>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Bon, mais alors l’usage serait consommation<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Ça coule de source. Au XVIII<sup>e</sup> siècle, la consommation était <q>l’usage que l’on faisait d’une chose pour satisfaire des besoins</q>. De plus, étymologiquement, consommer, c’est d’abord consumer – c’est-à-dire, au XVI<sup>e</sup> siècle, <q>faire disparaître par l’usage</q>. Encore aujourd’hui, consommer, c’est mener à son terme, user. Enfin, la chose, une fois consommée, devient usagée. Il faut donc renouveler l’objet de l’usage <span class="typo-go">(</span>le consommable<span class="typo-gf">)</span>.<br />
Alors, on comprend bien que relancer la consommation, c’est accélérer l’usure, ou amplifier l’usage. Autrement dit, au sein du modèle consumériste<span class="typo-ph">:</span> <q title="Stiegler">organiser une jetabilité chronique et généralisée</q>, causée par une planification de l’obsolescence et par une innovation galopante. Ces deux facteurs étant évidemment intriqués et font l’objet d’une optimisation importante à l’ère du numérique.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
J’ai un exemple<span class="typo-ph">:</span> les produits vendus par la marque à la pomme s’enchaînent sans vraiment se démarquer et sont conçus pour ne pas durer <span class="typo-go">(</span>batterie non-remplaçable… etc<span class="typo-gf">)</span>.<br />
C’était le sujet du documentaire <span class="typo-go">«</span><a href="http://www.arte.tv/fr/Pret-a-jeter/3714422,CmC=3714270.html">Prêt à jeter ou l'obsolescence programmée</a><span class="typo-gf">»</span> diffusé sur Arte en 2011.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
C’est ce que <a href="http://www.worldcat.org/title/capitalism-socialism-and-democracy/oclc/8251875" title="Capitalism, Socialism and Democracy, 1975">Joseph A. Schumpeter</a> conceptualisait déjà comme <q>Creative Destruction</q>.
</p>
<h3 id="pratiquons">Pratiquons & contribuons<span class="typo-ph">!</span></h3>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Diable. Dès lors, comment sortir de ce schéma et cesser d’être usager<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Par la pratique, pardi<span class="typo-ph">!</span> En étant praticien, contributeur et créateur de participation. La pratique s’inscrit dans un accomplissement, une progression, à la fois individuelle et collective. <strong>La pratique émancipe l’individuation.</strong>
</p>
<p>
Quelques exemples. La pratique du blogueur, en publiant des articles, participe à la création d’externalités positives<span class="typo-ph">:</span> d’autres blogueurs viennent commenter, ou font des références à l’article pour appuyer leurs propres discours, enrichissant ainsi le pot commun de la blogosphère.<br />
On parle de la pratique du sport <span class="typo-go">(</span>tous ces amateurs qui s’entraînent, progressent et s’accomplissent lors de compétitions<span class="typo-gf">)</span>. Et ne pourrait-on pas parler d’usages du sport pour ceux qui regardent les matchs à la télévision<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Si je comprends bien, le praticien, pour ses activités, aurait recours à moins d’objets <span class="typo-go">(</span>moins de consommables<span class="typo-gf">)</span>. Souvent, il élabore lui-même ses outils,
comme le font les hackers ou comme l’illustre le projet GNU/Linux et ceux de la <a href="https://www.fsf.org/">Free Software Foundation</a>.
</p>
<h3 id="nuances">Nuances & accointances</h3>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Toutefois, nous le savons et l’avons vu <span class="typo-go">(</span>Simondon et Stiegler<span class="typo-gf">)</span>, l’individuation n’échappe jamais au rôle joué par les médiations techniques. Ainsi, avec une approche plus nuancée, nous pouvons dire que la frontière entre pratique et usage n’est pas si nette. L’enjeu est donc d’étudier comment le numérique <span class="typo-go">(</span>ses outils, plate-formes, interfaces, réseaux, etc.<span class="typo-gf">)</span> nous oriente tantôt vers l’usage et tantôt vers la pratique.
</p>
<p>
Par ailleurs, le praticien entretien une relation privilégiée avec les biens communs, sans lesquels nulle pratique n’évoluerait. C’est une relation d’interdépendance entre la valorisation des pratiques et la gestion des communs. Un cercle vertueux naît <strong>des pratiques qui enrichissent et alimentent le terreau des biens communs, toujours plus fertile à l’existence et l’épanouissement des pratiques</strong>. En pratiquant, les internautes participent à la bonne gouvernance des biens communs immatériels, et favorisent le partage des libres savoirs.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Là encore, difficile d’y exclure le rôle des hypomnématas <span class="typo-go">(</span>technologies de l’esprit<span class="typo-gf">)</span> dans cette évolution… Aujourd’hui, la réticularité des outils numériques vivifie <span class="typo-go">(</span>ou pourrait vivifier<span class="typo-gf">)</span> le partage et les pratiques collectives, aux quatre coins de la planète. Mais cette tendance est limitée par la persistance du système consumériste.
</p>
<aside>
<h3 id="ref">Référence</h3>
<p>Ce dialogue est un extrait reformulé du mémoire de Benjamin Menant <cite>À bas les usages, vive les pratiques<span class="typo-ph">!</span> Quand les pratiques numériques cultivent les biens communs immatériels, et vice versa</cite>, écrit dans le cadre de son Master, à l’université Michel de Montaigne, Bordeaux 3.</p>
<p>Il s’accompagne d’une série d’autres extraits que vous pouvez consulter ci-dessous.</p>
<h3 id="tdm">Pour approfondir…</h3>
<nav>
<ol style="margin:.75em 0;padding:0 1.5em">
<li><!--<a href="/2013/distinguer-usages-et-pratiques">--><strong>Distinguer les usages des pratiques numériques</strong><!--</a>--></li>
<li><a href="/2013/theorie-valeur">Brève histoire de la théorie de la valeur</a></li>
<li title="à suivre…"><!--<a href="/2013/">-->L’Abstraction comme origine de toutes richesses<!--</a>--></li>
<li><a href="/2013/biens-communs-immateriels">Biens communs & pratiques numériques</a></li>
</ol>
</nav>
</aside>
http://blog.menant-benjamin.fr/2013/open-data-culture-rennes/Open Data culturel à Rennes2013-10-18T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><i>
Lors des conférences sur <a href="http://villes.bienscommuns.org/evenement/agj56ixkj0q/view">l’ouvertures des données culturelles</a> à la <a href="http://www.lacantine-rennes.net/">Cantine Numérique</a> de <a href="http://www.openstreetmap.org/?mlat=48.10515&mlon=-1.67411#map=17/48.10516/-1.67411">Rennes</a>, musées et bibliothèques nous ont fait part de leurs retours d’expériences. Le Cosmonaute et le Robot échangent quelques pensées à propos.
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Que lis-tu<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Le résumé de l’atelier-conférence de <time datetime="2013-10-11">vendredi dernier</time> autour de l’Open Data culturel Rennais, écrit par le <a href="http://blog.cod-rennes.fr/2013/10/14/la-culture-se-libere-a-rennes-metropole/">Collectif Open Data Rennes</a>.
</p>
<p class="didascalie"><i>
Par une heureuse coïncidence, le Cosmonaute y était. Ils discutèrent donc de ce qui s’y est dit.
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Parmi toutes les choses intéressantes, je retiens la présentation de Jean-Pierre Besnard, du groupe Ouest France, sur le service <a href="http://www.infolocale.fr/">Infolocale.fr</a>. C’est une plateforme complète de recueil et de diffusion des événements culturels locaux.
</p><p>
Les données de l’agenda s’ouvrent doucement sur <a href="http://data.infolocale.fr">data.infolocale.fr</a>, avec un bel effort de simplification technique à destination des petits organismes locaux et une <abbr title="Application Programming Interface" class="acronym" lang="en">API</abbr> pour les développeurs.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
La <a href="http://data.infolocale.fr/data/cadrelegal">licence</a> est encore un peu restrictive… et seuls les événements de la journée en cours et du lendemain sont disponibles. Une ouverture bien timide.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Certes. Entends bien, toutefois, la <strong>prudence des directions</strong> de ces grands groupes à l’égard de ces projets. Jean-Pierre Besnard nous expliquait comment son équipe a pu les convaincre<span class="typo-ph">:</span>
ouvrir ses données sur le Web, c’est étendre son audience (attirer de nouveaux organismes pour la publication d’annonce culturelles ou les gens qui ne lisent pas les journaux du groupe). Les <strong>résultats sont importants</strong>, nous a-t-il affirmé.
</p>
<p class="didascalie"><i>
Mais le robot ne l’écoutait plus. Ses circuits étaient déjà en cours de connexion sur un autre sujet…
</i></p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Quelqu’un de la Bibliothèque Nationale de France est venu vous parler de leur projet Open Data, n’est-ce pas<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Oui, Romain Wenz nous a brillemment présenté le portail <a href="http://data.bnf.fr/">data.bnf.fr</a>. C’était passionnant<span class="typo-ph">!</span>
</p><p>
Ils ont beaucoup travaillé sur la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Web_s%C3%A9mantique">sémantique</a>, en s’appuyant sur le modèle de graphe <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Resource_Description_Framework"><abbr title="Resource Description Framework" class="acronym" lang="en">RDF</abbr></a>. Concrètement, le référencement naturel des autres sites de la <abbr title="Bibliothèque Nationale de France" class="acronym">BNF</abbr>, comme <a href="http://gallica.bnf.fr/" title="Bibliothèque numérique">Gallica</a>, aura été considérablement amélioré.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
<a lang="en" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Linked_data">Linked data</a>, qu’ils disaient, <em lang="en">linked data</em><span class="typo-ph">!</span>
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
En tout cas, encore un bel argument pour justifier un projet d’ouverture de données.
</p><p>
Pour finir, Romain Wenz nous a montré l’atelier<span class="typo-ph">;</span> un <a href="http://data.bnf.fr/atelier/">espace d’expérimentation</a> en libre accès, autour des données du portail.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Fort intéressant<span class="typo-ph">!</span>
</p>
<p class="didascalie"><i>
Puis, tandis qu’ils jasaient des nombreuses autres interventions et retours d’expériences de la part de musées, bibliothèques de quartier ou associations culturelles…
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
En fin de compte, tous les gestionnaires de données ont témoigné de la nécessité de retravailler leurs données brutes avant de les mettre à disposition<span class="typo-ph">:</span> <strong>tri</strong>, <strong>filtre</strong> (il peut y avoir des données privées ou confidentielles), <strong title="C’est-à-dire mise en tableau, avec une valeur par cellule.">structuration</strong> et (surtout) <strong>documentation</strong> des fichiers.
</p><p>
Enfin, nombreux sont ceux qui se sont confronté à leur propre outil de gestion de base de donnée. Beaucoup utilisent des solutions propriétaires et fermées. Ils n’ont pour ainsi dire aucun contrôle sur leurs données.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Une prise de conscience<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Oui, sans aucun doute. Ils comprennent que ces solutions sont contraignantes et très coûteuses lorsqu’il est temps d’exporter les données.
</p><p>
Peut-être, certains ressentent-ils désormais ces mêmes contraintes dans la pratique de leur métier<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Rappelons ici la nécessité des <strong>formats standards et libres</strong> pour l’avenir de l’Open Data et du Web, comme <a href="http://5stardata.info/">Tim Berners-Lee</a> l’explique très clairement.
</p>
<p class="didascalie"><i>
Sur ces mots, ils prirent congé l’un de l’autre, en parfait accord.
</i></p>
http://blog.menant-benjamin.fr/2013/appel-memoire-valentin/Appel à volontaire !2013-02-21T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><i>
Ceci est le relai d’un appel à volontaire lancé en février 2013 par Valentin, étudiant en sociologie à l’université de Caen (Basse-Normandie), pour ses travaux de recherche.
</i></p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Dans le cadre de son mémoire de Master recherche en sociologie (université de Caen), Valentin est à la recherche de plusieurs volontaires pour mener ses <strong>investigations sociologiques sur les Technologies de l'Information et de la Communication</strong> (<abbr title="(Nouvelles) Technologies de l’Information et de la Communication">TIC</abbr>).
</p>
<p>Le profil des personnes recherchées correspond aux critères suivants :</p>
<ul>
<li>Avoir <strong>entre 15 et 28 ans</strong>.</li>
<li>Sexe indifférent.</li>
<li>Activité indifférente (salarié, étudiant)…</li>
<li>Avoir une <strong>utilisation fréquente des <abbr title="(Nouvelles) Technologies de l’Information et de la Communication">TIC</abbr></strong> (téléphone portable, smartphone, ordinateur personnel, Internet, réseaux sociaux, etc).</li>
<li>Résider en <strong>Basse-Normandie ou en Région Parisienne</strong> (pour des raisons d’ordre pratique).</li>
</ul>
<p>En fait, c’est très ouvert<span class="typo-ph">;</span> les seuls profils qui ne correspondraient pas sont les personnes vraiment réfractaires ou en marge de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication.</p>
<p>Le travail se déroulerait en <strong>2 phases</strong> :</p>
<ol>
<li>Pendant une semaine chaque personne devra <strong>remplir quotidiennement une petite grille</strong> (fournie) pour y reporter l’utilisation qu’elle aura eu des <abbr title="(Nouvelles) Technologies de l’Information et de la Communication">TIC</abbr>. La grille est très simple à remplir, c’est l’affaire d’une dizaine de minutes par jour.</li>
<li>Une fois les grilles récupérées, il passera <strong>un entretien</strong> avec chacune des personnes s’étant prêtée au jeu. Entretien sociologique classic (environ 1h-1h30).</li>
</ol>
<p><strong>Petite récompense</strong> en perspective pour les candidats.</p>
<p>Si vous ou quelqu’un dans votre entourage (amis, famille, collègues, etc.) était intéressé et curieux de mener cette expérience, <strong>merci de contacter <a href="mailto:memoire-recherche-valentin@menant-benjamin.fr">Valentin</a></strong>, en indiquant votre prénom, votre âge, votre ville de résidence, une adresse de courriel et/ou un numéro de téléphone.</p>
<p><strong><a href="mailto:memoire-recherche-valentin@menant-benjamin.fr">memoire-recherche-valentin@menant-benjamin.fr</a></strong></p>
<p>N’hésitez pas à faire circuler cet appel… ;-)</p>
<p>Merci par avance et bonne journée<span class="typo-ph">!</span></p>
http://blog.menant-benjamin.fr/2013/web-fipa-2013/Web Fipa 20132013-02-06T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><i>
C’est un jour d’hiver, un début d’après-midi. Le soleil annonce sa gloire prochaine par de généreuses éclaircies. Pourtant, vautré dans son fauteuil Aeron, notre Cosmonaute se tourmante, pris dans une torpeur digestive qui n’arrange rien à son mal-être.
</i></p>
<p class="didascalie"><i>
Surpris par un relan de boudin aux pommes, il remarqua un poids nouveau sur son ventre enflé. Le Chat, ronronnant d’attention, se blotissait, paisible, arrondi pour épouser les rondeurs de notre Cosmonaute.
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Ô mon cher Chat… Quelle surprise me fais-tu là<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Tu es triste, je le vois bien. Nous sentons ces choses-là, nous autres félins.
</p>
<p class="didascalie"><i>
Ça et d’autres choses, se dit-il à lui-même, comme les restes de boudin noir laissés négligemment à portée de crocs…
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Hum… Et tu viens me réconforter. Tu es trop bon, mon bon ami.
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Pour t’extraire de tes idées noires, je vais te conter une petite histoire vraie.
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/02/biarritz.jpg" alt="Biarritz, la plage, les rochers, les vagues…" />
Biarritz, la plage, les rochers, les vagues… Il y avait un vent à décorner un escargot<span class="typo-ph">!</span>
</i></p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Te souviens-tu de <a href="/dialogues/chauss-ton-univers/">Chauss ton Univers</a><span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Le Webdoc réalisé par une dizaine d’étudiants de la promotion 2011-2013 du master pro multimédia <abbr title="Institut des Sciences de l’Information de la Communication">ISIC</abbr>, de l’université Bordeaux 3, dont fit partie Benjamin Menant (notre auteur)<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Eh bien, après ce projet de longue halaine, notre petite équipe s’est récemment attelée à un nouveau challenge. Pour leur tout dernier projet étudiant, leurs enseignants (<a href="http://jfd.fr">Jean-François Dareths</a> et Didier Paquelin) leur ont proposé un workshop en partenariat avec le <a href="http://fipa.tv/" title="Festival International des Programmes Audiovisuels">FIPA</a> et plus spécifiquement avec le smart Fip@ (axé transmedia) qui eu lieu à Biarritz, la semaine du 21 janvier 2013.</p>
<p>
Ainsi, pendant près de 7 jours, toute la promotion fut mobilisée pour travailler à temps complet sur la réalisation d’un documentaire Web, en suivant trois événements phares du smart Fip@ : un atelier de scénarisation transmédia animé par <a href="http://webfipa13.isic-multimedia.eu/evenement/inventez/">Michel Reilhac</a>, un autre par <a href="http://webfipa13.isic-multimedia.eu/evenement/jouez/">Paul Tyler</a> et un <a href="http://webfipa13.isic-multimedia.eu/evenement/participez/">mini-Barcamp</a>.</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Super intéressant<span class="typo-ph">!</span> Où peut-on voir leur réalisation<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
<strong><a href="http://webfipa13.isic-multimedia.eu/">Web Fipa 2013</a></strong>.</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Et comment ça s’est passé? Quel fut le rôle de Benjamin Menant (notre auteur)? <i>[NDLR : parler de moi à la troisième personne, ça me fait un peu bizarre. :-) Il faudra que je m’y prenne autrement à l’avenir (je ne sais pas encore comment).]</i>
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Oh, ce fut une semaine très éprouvante mais hyper-enrichissante, marquée de nombreuses rencontres. Une expérience plus gratifiante que jamais.</p>
<p>Leurs enseignants leur ont laissé carte-blanche (avec quelques conseils avisés et réconforts, à certains moments critiques) et une totale autonomie.</p>
<p>Benjamin Menant, en tant que co-chargé de projet (avec Marine Marsot), a géré une équipe d’une petite vingtaine de personnes, réparties en plusieurs groupes : développement, graphisme, communication, tournage, montage, rédaction… Il est très fier de son équipe qui a su passer au-delà des tensions et des difficultés.
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/02/master-cpeam.jpg" alt="Notre équipe au grand complet, la promo 2011-2013 du master pro multimédia de l’ISIC, Bordeaux 3" />
L’équipe au grand complet ! Je suis [Benj’, auteur de ce blog et un des deux chargés de projet] au premier plan, au centre.
</i></p>
<p class="didascalie"><i>
Sur ces mots, le Chat bondit vers d’autres occupations, laissant le Cosmonaute dans un pet tel que seuls les chats en ont le secret…
</i></p>
http://blog.menant-benjamin.fr/2013/chauss-ton-univers/Chauss’ ton univers2013-01-14T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><i>
Depuis plusieurs heures, le Chat court au plafond, un rictus idiot sur les babines, tel un <a href="http://www.lolcats.com/popular/9383.html">lolcat</a>.
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Mais qu’as-tu à t’agiter comme ça<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Je ne m’agite pas, je suis… <strong>agile</strong><span class="typo-ph">!</span>
</p>
<p class="didascalie"><i>
Soudain, le Chat saute vers le Cosmonaute<span class="typo-ph">!</span> Celui-ci esquive d’un geste peu élégant, ni très conventionnel, quoique très efficace. Le Robot, qui passait par-là pour son indexation hebdomadaire, s’enquit de cette <em>agilation</em>.
</i></p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Serait-ce la mise en ligne du documentaire Web <strong><a href="http://chausstonunivers.eu/">Chauss’ ton univers</a></strong>, sur la relation qu’entretiennent les sportifs à leurs chaussures, qui provoque autant d’excitation<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/01/foot.jpg" alt="À vos vieilles chaussures !" />
Montre-moi tes vieux souliers, je te dirais qui tu es.
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Pardi<span class="typo-ph">!</span> Toutes les personnes ayant participé à ce projet sont fières du travail accompli… Mais, dites-moi, n’auriez-vous pas un chat dans la gorge<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p class="didascalie"><i>
À cet appel, le Chat répondit en jaillissant du Robot.
</i></p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Vous rendez-vous compte<span class="typo-ph">?</span> Un projet conduit sur près d’un an, entre les tournages, le montage, le développement du site… etc.
</p><p>Ce dont je suis le plus heureux, c’est la façon dont nous avons mené le développement et la co-création du design graphique, en même temps. Étape par étape, avec, à chaque fois, quelque chose de complètement fonctionnel et cohérent.
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Il est vrai que <a href="http://chausstonunivers.eu/#credits">ces étudiants</a> ont produit un documentaire Web de bonne facture, quoique modeste, au regard des ressources limitées qu’ils avaient à disposition.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Avez-vous vu, en outre, le projet de constitution d’une collection photographique communautaire, avec le tag Flickr <a href="https://secure.flickr.com/photos/tags/chaussmonunivers/">chauss’ mon univers</a><span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Hum… Pas sûr que cette idée rencontre un grand succès, il faudrait communiquer bien davantage pour que les gens prennent le temps d’y participer.
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2013/01/boxe.jpg" alt="Interview d’un jeune boxeur" />
Mitko Mihaylov du Boxing Club Bordelais
</i></p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Nous avons pris beaucoup d’autres belles photographies, nous aussi. Dommage que nous ne pouvons toutes les publier (dans la mesure où nous devons respecter le droit à l’image des personnes représentées).
</p>
http://blog.menant-benjamin.fr/2012/quand-l-accessibilite-est-primordiale/Quand l’accessibilité est primordiale2012-01-23T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><i>
Alors qu’elle creusait la galerie Ouest de son terrier, la Taupe se blessa sur une seringue contaminée qu’un Chat négligé avait laissée là. Dans l’urgence, elle voulu appeler le <a href="http://www.chu-bordeaux.fr/">CHU de Bordeaux</a>.
</i></p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
<i>Mal-voyante, elle navigue à l’aide d’un lecteur d’écran.</i>
Horreur<span class="typo-ph">!</span> Où se trouve le numéro de téléphone<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p class="didascalie"><i>Le Chat, qui passait par là (probablement pour retrouver sa seringue), lui vint en aide.</i></p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Eh bien, il est écrit en gros, dans la tétière de la page.
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2012/01/header-chu-bx.png" alt="Le numéro de téléphone du CHU est mis en évidence dans le haut de la page : 05 56 79 56 79" />
En grand et en gras : on le voit bien, ce numéro de téléphone.
</i></p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Cette information <em>essentielle</em> ne m’est <strong>pas</strong> accessible. C’est catastrophique<span class="typo-ph">!</span>
</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Ce n’est pas étonnant. Il s’agit d’une image de fond qui n’apparaît pas dans le code <abbr title="HyperText Markup Language">HTML</abbr><span class="typo-ph">;</span> elle est affichée avec une propriété <abbr title="Cascading Style Sheets">CSS</abbr>.
</p>
<figure class="highlight"><pre><code class="language-css" data-lang="css"><span class="nt">background-image</span><span class="o">:</span> <span class="nt">url</span><span class="o">(</span><span class="s2">'<chemin>'</span><span class="o">);</span></code></pre></figure>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2012/01/header-chu-bx-code.png" alt="Le numéro de téléphone n’est techniquement pas accessible." />
Et pour preuve…
</i></p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Vous rendez-vous compte<span class="typo-ph">?</span> Pour avoir ignoré une <a title="WCAG 2.0, Text Alternatives" href="http://www.w3.org/TR/UNDERSTANDING-WCAG20/text-equiv.html">règle élémentaire d’accessibilité Web</a>, une information absolument capitale est rendue inaccessible.
</p>
<p>Je suis bléssée, je dois appeler ce <abbr title="Centre Hospitalier Universitaire">CHU</abbr>, mais je ne peux pas accéder immédiatement au numéro de téléphone. <strong>Non parce que je suis handicapée, mais parce que les concepteurs du site n’ont pas pris en compte ma situation.</strong> <br />
Un comble, pour un hôpital, que de négliger ainsi ses visiteurs handicapés.</p>
<p><b class="le-chat">Le Chat</b> —
Tu as bien raison, je m’en vais de ce pas leur en parler. Le site du CHU de Bordeaux est très en retard, sur ces questions d’accessibilité.
</p>
http://blog.menant-benjamin.fr/2012/hiatus-preliminaire/Hïatus préliminaire2012-01-23T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><i>
Un robot s’avance, déterminé et paisible, comme tout bon petit <a href="about:robots">droïde</a>. On l’a programmé pour délivrer un message.
</i></p>
<p><b class="le-robot">Le Robot</b> —
Pourquoi si peu d’activité sur ce blog<span class="typo-ph">?</span>
Que voulez-vous, les personnages ne font aucun effort pour discuter…
</p><p>
Tout projet <span class="typo-go">(</span>personnel<span class="typo-gf">)</span> est menacé par l’imprévu qui chamboule vos priorités.
</p><p>
Par manque de temps, je préférai mettre en suspend le travail rédactionnel qui supposait alimenter les dialogues.
</p><p>
Prochainement <span class="typo-go">(</span>ne me demandez pas quand<span class="typo-gf">)</span>, je publierai quelques courtes impressions. Mais la fréquence restera, j’en ai peur, très irrégulière.
</p>
<p class="didascalie"><i>Le robot s’en est allé, faire un tour, d’l’autr’ côté, d’une page où y a pas de codes pour se souhaiter la <strong>bonne année</strong>.</i></p>
http://blog.menant-benjamin.fr/2011/ccc/$$$$$$$$$$$$$$$$$$2011-08-04T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><i>
Nous lisions le code source de Nave, le gestionnaire d’environnement virtuel pour Node, quand, tout à coup, vînt le chat.
</i></p>
<p style="word-wrap: break-word;"><b class="le-chat">Le Chat</b> —
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkkïïïïïïïïïïïïïïïïïïïïïÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏ vvvvvvvvbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb
</p>
<p class="didascalie"><i><abbr>Ndr.</abbr><span class="typo-ph">:</span> ce dialogue est la création originale d’une auteur féline qui préféra rester anonyme<span class="typo-ph">;</span> elle me céda généreusement tous ses droits d’auteurs.</i></p>
http://blog.menant-benjamin.fr/2011/elle-ecoute-la-musique-qu-on-lui-donne/Elle écoute la musique qu’on lui donne2011-07-28T00:00:00+00:00Benjamin MENANThttp://menant-benjamin.fr/
<p><i>
Lorsque l’homme casqué arriva, la Taupe mélomane se dandinait devant son ordinateur, deux fils antracites fichés dans les orifices auditifs, de part et d’autre de sa tête velue.
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
C’est drôle, j’ai toujours pensé que les taupes étaient sourdes.
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Je n’ai pas plus d’oreilles que d’yeux, mais j’entends bien mieux que je ne voie. Et probablement bien mieux que la plupart d’entre vous<span class="typo-ph">!</span>
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Peut-être bien. Ce que tu écoutais là, c’était sur Spotify, n’est-ce pas<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Oui, M’sieur<span class="typo-ph">!</span> J’ai un <a href="http://www.spotify.com/fr/get-spotify/premium/">abonnement Premium</a>. Je peux écouter autant de musique que je le souhaite. Sans publicité, sans rien du tout. Je peux même l’écouter hors ligne, sans accèder au Net.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Et la qualité du son<span class="typo-ph">?</span>
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
À dire vrai, je ne sais pas… En théorie, je peux avoir une <a href="http://www.spotify.com/fr/help/faq/tech/codec-quality/">une qualité <abbr>CD</abbr></a>. Seulement, ma connexion n’est pas assez performante pour en profiter sans accrocs.
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
À vivre dans des galeries souterrainnes, tu ne devrais pas t’en étonner. Tu y trouves ton compte <span class="typo-go">(</span>l’abonnement est à 10<span class="typo-ph">€</span> par mois<span class="typo-gf">)</span><span class="typo-ph">;</span>
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Je crois bien, oui… Oui, ça m’convient.
</p>
<p class="didascalie"><i>
Il la regarde un moment, avec dédain, mais sans trop.
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Je ne suis pas convaincu, vois-tu.
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Ah oui<span class="typo-ph">?</span> Tu profitais bien de leur formule gratuite, pourtant…
</p>
<p class="didascalie illustration"><i>
<img src="/assets/posts/2011/07/tourne-disque.jpg" alt="Les disques Pathé chantent sans aiguille" />
Comme les tourne-disques de nos grand-parents.
</i></p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Pourquoi je ne souscrirai à <em>aucun</em> abonnement de streaming comme Spotify<span class="typo-ph">?</span><br/>
Parce que je préfère de loin acheter un <abbr>CD</abbr> tous les deux ou trois mois, à prix équivalent.
</p><p>
Ils deviennent miens, <i lang="la">ad vitam æternam</i>.
Vingt, trente ou quarante ans plus tard, comme les bandes magnétiques de nos parents, je les possèderai toujours.<br/>
Des objets qui ont une présence, que je peux écouter <em>où</em> je veux, <em>quand</em> je veux, <em>comme</em> je veux<span class="typo-ph">;</span> que je peux faire signer… etc.
</p><p>
Et si d’aventure ces disques me faisaient horreurs, j’aurais le privilège primaire de les cuire au bain d’Alcide, ou de les fracasser par terre pour les briser en mille éclats<span class="typo-ph">!</span> <br/>
À moins que ne me vienne l’idée de les revendre ou de les donner… Ou simplement les prêter…
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
De nos jours, personne ne prête plus rien à personne. Un geste devenu inutile, dans le monde du grand <em>partage</em> numérique, où l’exclusivité ne fait plus sens. Pour peu que tu y entres, tu accèdes instantannément à des millions de choses…
</p>
<p><b class="le-cosmonaute">Le Cosmonaute</b> —
Des millions de titres que je n’écouterai jamais, qui ne m’intriguent ni me troublent<span class="typo-ph">!</span> Tandis que <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Sugar_%28American_band%29">Sugar</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Shellac">Shellac</a> et <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gastr_Del_Sol">Gastr del Sol</a> <span class="typo-go">–</span>pour n’en citer que quelques-uns<span class="typo-gf">–</span> y sont absents.
</p><p>
Je n’ai rien contre le format dématérialisé. Mais pas n’importe comment. Qu’arriverait-il si, par malheur, tu perdais ton accès à Internet<span class="typo-ph">?</span> Ou si tu ne disposais plus de ton abonnement Premium<span class="typo-ph">?</span> Tu perdrais tout.
</p>
<p><b class="la-taupe">La Taupe</b> —
Eh bien je n’écouterais plus autant de musique… Mais ça n’arrivera jamais.
</p>
<p class="didascalie"><i>Et si c’était déjà arrivé<span class="typo-ph">?</span> Sous une forme ou une autre… Et si demain, sous le filtrage et la partialité des opérateurs du réseau, Internet n’était plus l’espace de partage que nous connaissons… <br />
<span class="typo-go">‹</span><q>Qu’arriverait-il<span class="typo-ph">?</span></q><span class="typo-gf">›</span>, répéta le Cosmonaute avant de s’eclipser.</i></p>